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  • Photo du rédacteurFabien Dornier

Les livrets d'épargne solidaires


Préambule : Je ne suis pas conseiller financier, qui est une profession réglementée. Les conseils ci-dessous sont des conseils de bon sens et concernent uniquement des produits garantis en capital et disponibles à tout moment. Consultez un conseiller financier si vous avez la moindre question ou doute concernant un de ces produits.

Dans toute la suite, et par souci de simplification, j’utiliserai le mot solidaire, dans le sens de toute initiative ayant une vocation essentiellement écologique et/ou sociale et/ou culturelle.


1. Introduction à l’épargne solidaire


L’épargne solidaire : Pourquoi ?


Vous avez tous de l’argent dormant sur des comptes dont vous ne connaissez même plus le taux de rémunération. Si vous n’avez changé depuis longtemps, c’est fort probable que ce taux soit très inférieur à celui du marché. C’était mon cas en grande partie.

Donc si vous pouviez à la fois obtenir un taux de rémunération similaire mais que vous sachiez à quoi sert votre argent, c’est-à-dire à financer des projets solidaires ou des associations, il n’y a aucune question à se poser.

Sortir de l’argent des banques traditionnelles, c’est aussi leur mettre une certaine pression pour que leurs pratiques changent.


Typologie de l'épargne solidaire


Détailler toutes les dimensions de l’épargne solidaire serait trop long, mais, en simplifiant, les différentes solutions peuvent être résumées de la façon suivante :

  • Comptes à Terme – Livrets Epargne : votre argent est déposé à la banque et son caractère « solidaire » peut être de 2 natures, qui peuvent d’ailleurs se cumuler :

    • Votre argent est utilisé uniquement pour financer des projets à vocation solidaire – c’est le cas du livret A par ex

    • Les intérêts générés peuvent être partagés, en partie ou totalement, avec des associations de votre choix

  • Achat de Parts Sociales dans des établissements à vocation de financement de projets exclusivement solidaires, comme la Nef, la Caisse Solidaire ou SPEAR

  • CrowdLending (prêts) ou CrowdEquity (achat d’actions) : vous financez, souvent via des plateformes, des projets individuels à vocation solidaire

Je mets à part l’investissement socialement responsable (ISR) qui consiste à confier son argent à un fonds, dont le gérant va acheter des actions cotées (CAC 40 par ex), en incorporant des critères ISR dans sa gestion : exclusions (munitions anti-personnelles, armes nucléaires, production de charbon) et/ou « best in class » consistant à favoriser, au sein de chaque secteur, les sociétés ayant les meilleures notes selon des critères ISR (parité hommes-femmes, échelle des salaires, etc…). Ce faisant, vous continuerez tout de même (généralement) à financer des multinationales, certes plus vertueuses que leur concurrentes, alors que les solutions précédentes ont plutôt vocation à financer des projets locaux à impact direct.

Notons un vecteur important de l’épargne solidaire, les Plans d’Epargne Entreprise. Depuis 2008, les sociétés sont obligées d’offrir à leurs employés au moins un fonds solidaire, dont la liste des labellisés Finansol est disponible ici.

Enfin, il existe également des options en assurance-vie mais je ne souhaite pas plus détailler ici.


Le Label Finansol


Les produits finance solidaire disposent d’un label, Finansol. L’ensemble des produits labellisés est disponible ici : https://www.finansol.org/quels-sont-les-produits-labellises/. Si vous avez un doute, c’est bien de vérifier ici si votre produit est bien labellisé.


2. Comptes et livrets épargne solidaires


Pour l’instant, je vais me concentrer sur les comptes/livrets épargne, qui ont l’avantage d’être totalement liquides et garantis. Les autres solutions sont aussi très intéressantes, notamment grâce aux avantages fiscaux, mais la priorité de chacun devrait être de bouger son épargne liquide dormante vers de l’épargne utile.


Objet des comptes-épargne


En ouvrant un compte-épargne, vous prêtez de l’argent à la banque dépositaire. Elle peut ensuite utiliser cet argent pour son activité principale (faire des prêts), mais les activités financées peuvent être précisées selon le type de compte. Par exemple :

  • Le livret Développement Durable et Solidaire (LDDS) : les sommes doivent exclusivement être utilisées pour le financement des équipements d’économies d’énergie, d’énergies renouvelables à destination des particuliers

  • Le Livret A : les sommes collectées par les banques sont centralisées par la Caisse des Dépôts pour financer le logement social

Risques associés aux comptes épargne


Les comptes-épargne disposent d’une garantie en capital. Votre risque est donc le risque de défaillance de la banque (et non le risque des projets que vous financez). Ces comptes bénéficient cependant de la garantie des Dépôts, à hauteur de 100,000€ par épargnant et banque (200,000€ pour les comptes-joints).

Ne vous leurrez pas : le fonds de Garantie des Dépôts ne dispose que de 3.4milliards d’euros et ne suffira pas à couvrir le défaut d’une grande banque. La Société Générale gère à elle seule 421Milliards d’Euros de dépôts. Dans le cas d’une défaillance d’une grande banque, l’Etat devra intervenir… ou pas : voir l’exemple récent de Chypre ).


Rémunération des comptes et livrets épargne


Les comptes-épargne sont rémunérés avec un taux d’intérêt, souvent comptabilisés par quinzaine et payés en fin d’année.  Actuellement, les taux sont très bas, entre 0% et 1% environ. Mais ils pourraient remonter dans le futur ! Lien vers les taux actuels des livrets les plus connus : http://www.cbanque.com/livret/meilleurs-livrets.php


Note personnelle : ne déposez jamais 1€ à Carrefour Banque ! très mauvaise expérience avec eux, qui leur a valu dénonciation auprès de l’ACPR (leur autorité de tutelle) et de l’UFC Que Choisir. Sans réponse de leur part après plus de 4 mois….


Fiscalité des comptes et livrets épargne


En général, les intérêts sont sujets aux cotisations sociales (15,5%) et à l’impôt sur le revenu, selon votre tranche marginale d’imposition (TMI). Voir appendice 5 pour le détail. (Ajout Janvier 2018: à partir du 1er janvier 2018, les intérêts sont désormais soumis à une flat tax de 30% – il suffit donc de regarder la colonne TMI 30%)

Certains comptes (Livret A, LDDS) sont totalement dispensés de cotisations sociales et d’impôts sur le revenu.

Enfin, si vous décidez de partager vos intérêts avec des associations, ces intérêts sont considérés comme des dons, et ouvrent donc droit à une réduction d’impôts de 66% (ou 75% pour associations d’aides personnes en difficulté comme Restos du Cœur) de ces montants.  A 30% de TMI, il est quasiment neutre de faire des dons ou non et au-delà, c’est plus intéressant que de toucher les intérêts ! Je vous invite à lire l’Appendice 5 pour vous en convaincre avec des exemples chiffrés.

Au-delà de l’aspect technique détaillé en appendice, il faut retenir que faire un don partiel ou total ne change quasiment rien au rendement de votre investissement. C’est une option quasiment gratuite, alors pourquoi pas ne pas en profiter ? Cela permet de faire des dons, sans même y penser et qui sont automatiquement déclarés à l’administration fiscale. En général, vous pouvez même choisir les associations bénéficiaires parmi une liste.


3. Quels livrets solidaires ?


Sélection de livrets solidaires


Pour mes besoins personnels, j’ai fait le tour des offres du marché des livrets avec option solidaire:

Les livrets ci-dessous ont été filtrés selon les caractéristiques communes suivantes :

  • Epargne disponible à tout moment

  • Etablissement couvert par le Fonds de Garantie des Dépôts

  • Epargne dirigée vers des projets solidaires uniquement (certains livrets épargne classiques proposent uniquement une option de partage)

  • Processus d’ouverture de compte simple : par internet ou par correspondance (pas de RV physique nécessaire). Normalement, pas besoin d’ouvrir un compte courant dans l’établissement bancaire

  • Option de partage des intérêts ou non

  • Opérations (consultation/retrait/dépôt) via site internet

A noter : certains (Crédit Municipal de Nantes) autorisent également l’ouverture de compte par des personnes morales


Sélection de livrets épargne solidaires

Personnellement, outre mes  Livret  A et LDDS ouverts dans ma banque habituelle, j’ai aussi ouvert des comptes Epargne Solidaire au Crédit Municipal de Paris, un autre à celui de Nantes,  un Livret  Agir et un Codevair au Crédit Coopératif. Cela m’a permis de déplacer 95% de mon épargne liquide en-dehors du système bancaire traditionnel, au grand dam de HSBC et BforBank et en conservant un rendement quasiment similaire à ce que j’avais.


Comment ouvrir  un compte ?


Le processus d’ouverture est en général assez simple : soit complètement en ligne (mais en général, il y aura tout de même des contrats papier à renvoyer), soit on remplit en ligne puis on imprime et on renvoie, soit on imprime des formulaires à remplir à la main et renvoyer. Le bonus par rapport aux banques traditionnelles, c’est qu’en général, vous avez au service client de vraies personnes, qui parlent français ! Je n’ai jamais vu un service aussi bon et serviable que celui du Crédit Municipal de Paris par exemple.

Liens ouverture compte:


4. Conclusion


J’espère vous avoir convaincu de déplacer votre épargne liquide vers des solutions à composante solidaire. C’est finalement assez simple à faire, même si l’offre n’est pas pléthorique et il faut fouiller un peu pour trouver les informations pertinentes.

Dans l’ordre, il semble que la bonne approche est la suivante :

  • ouvrir un Livret A et un LDD, les saturer (si possible !), car ce sont les meilleures options financières et fiscales

  • placer votre surplus dans un ou plusieurs des comptes ci-dessus

Vous ne devez rien à votre banque actuelle, même si vous avez des emprunts en cours par ex. Si par contre vous avez des projets à faire financer, ce n’est sans doute pas opportun de tout déplacer ailleurs et d’énerver votre conseiller. Quoi que : faites de toutes façons appel à un courtier comme Meilleurtaux.com pour avoir le meilleur tarif !

Ce qui nous amène à la question ultime : faut-il tout sortir de nos banques actuelles et aller vers des solutions solidaires ? A ce stade non. La seule banque complètement solidaire accessible aux particuliers est le Crédit Coopératif, mais elle est apparemment victime de son succès (service client etc…) et elle reste une filiale des Caisses d’Epargne et Banque Pop. C’est pour ça qu’à ce stade, je recommande plutôt d’ouvrir ces comptes-épargne, avec peu de mouvements et pour lesquels vous n’avez pas forcément besoin d’un conseiller. La NEF devrait bientôt devenir une banque pour particuliers, mais ce n’est pas encore le cas.

5. Appendice sur la fiscalité

Sur la partie des intérêts partagés sous forme de dons, si la CSG applicable reste à 15,5%, l’impôt est forfaitisé à un Prélèvement Forfaitaire Libératoire (PFL) de 5% (et ne dépend donc plus de votre TMI). Un exemple sera plus parlant :



Avec un taux à 2% et les paramètres ci-dessus, vous faites un don de 0,80% et vous récupérez 0,52% via la réduction d’impôts. Au final, votre rendement net est de 0,97% (intérêts nets + réduction impôts). Ce qui est intéressant, c’est que si j’avais décidé de ne pas faire de don, mon rendement net aurait été inférieur !



Ceci n’est valable que pour les hauts-revenus situés dans les TMIs les plus élevées (41% et 45%).

Voici le ratio Brut/Net (correspondant au ratio des intérêts effectivement perçus après CSG et impôts par rapport à leur niveau brut) selon votre niveau de partage et votre TMI :



(Ajout Janvier 2018: à partir du 1er janvier 2018, les intérêts sont désormais soumis à une flat tax de 30% – il suffit donc de regarder la colonne TMI 30%)


6. Pour aller plus loin


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